Dans le monde du design, on peut choisir différents points de départ.
Quand Cynthia vient avec son projet dans mon atelier de sérigraphie, elle a un objectif en tête : faire danser ses dessins, et par cet acte, transmettre l’énergie du mouvement à ceux qui porteront ses vêtements.
Pour tout avouer, le choix de ce modèle ne s’est pas fait en un jour, il est le processus d’une réflexion de plusieurs années, avec d’abord des accessoires, des objets décoratifs, du sportwear existant ou non.
L’essence même du projet a conduit naturellement Cynthia a imaginer un vêtement qui avait les courbes de l’envol et le maintien du danseur.
Nous avons cherché plusieurs étoffes, plusieurs poids, différentes qualités et rencontrés des stylistes, des couturières, des experts de la coupe.
Cynthia, parallèlement, continuait ses recherches graphiques et les apportait à l’atelier.
Par la sérigraphie, nous avons essayé de transposer des effets spontanés qu’elle obtenait avec des techniques de calligraphie.
Les deux aspects du projet se sont donc construits en parallèle, voir plus, en dialogue.
Si je dois parler de mon travail, c’est-à-dire la sérigraphie textile, j’avais d’abord comme objectif de ne pas trahir la légèreté des illustrations de l’artiste. Une technique ne doit pas se substituer
à une autre, elle doit lui apporter une nouvelle dimension.
'ELLE MÉLANGE LE FIGURATIF ET L’ABSTRAIT'
Cynthia laisse énormément de liberté à celui qui travaille avec elle, elle aime que le regard des autres nourrissent son univers.
C’est un plaisir de travailler en confiance et c’est de plus en plus naturellement qu’à son tour, elle a lâché les pinceaux pour prendre les racles de sérigraphie.
Ces nouveaux outils ont à leur tour dansés sur les cadres avec les mélanges d’encres.
Il y a donc à la fois, le savoir faire de l’atelier :
le bon choix des encres, des pigments, des autres substrats d’ennoblissements textiles. Mais il y a aussi la grande spontanéité du geste.
Devant chaque cape déployée, comme une page vierge, l’artiste veut raconter une histoire.
Elle mélange le figuratif et l’abstrait, décide d’un mouvement de composition, elle se lance alors dans l’impression à l’encre textile, sans possibilité de revenir en arrière.
Ensuite, elle pose sur le buste, enroule, déroule la cape et ajuste l’intention.
Voilà comment un vêtement devient un tableau expressif en trois dimensions.
Tamara Louis